vendredi 28 mai 2010

Double vie

Ces molécules d’espoir ne t’ont pas sauvée,
Leur lueur s’est faite rare avant de s’éteindre.
Elles n’ont pu qu’un instant nous laisser rêver
Qu’il nous restait l’éternité pour nous étreindre.

Mais le chancre a vaincu notre tendre bonheur,
Il est venu sans bruit t’arracher à la vie.
Je t’ai tant vue subir ces atroces douleurs
Que j’ai été soulagé quand tu es partie.

Le mal s’est abattu me poussant à la nuit,
Sans toi, mon étoile, je me noie dans l’oubli.
Le temps s’est arrêté, plus jamais il ne fuit
Et moi je me perds dans une sombre folie.

Je m’accroche au souvenir de ton doux visage
Pour sortir de mon ombre et voiler ma détresse.
Seul sur mon bateau, j’évite ainsi le naufrage
Mais j’erre à la dérive, aveuglé de tristesse.

Je jette ici l’encre pour libérer mon cœur
Usé de se battre dans mes marées noires.
Je viens là déverser le flot de ma rancœur
Pour ne pas échouer sur l’ile du désespoir.

Je ne suis qu’un fantôme, avec toi je suis mort,
Je ne vis qu’en sommeil quand tu peuples mes songes.
J’attends tout le jour l’instant où je m’endors,
L’impatience me malmène et toujours me ronge.

Mes yeux n’ont que ces larmes peignant le tableau
De ce qu’hier m’a volé et ne rendra jamais.
Chaque matin me ramène à tous mes sanglots,
Le soleil me voit me réveiller à regrets.

mardi 25 mai 2010

Vice de Liberté

Œuvre de Frédéric Biotteau

Sur les toiles du rêve
S’étiolent ses mensonges,
Et je m’offre une trêve
A l’abri de mes songes.

Là où les mots s’envolent
Pour devenir couleurs,
Le profane frivole
Ne voit pas qu’il se leurre.

Brûlant des tableaux rares
Qu’il juge tendancieux,
Il profite l’ignare
De son pouvoir odieux.

Il brandit la morale
Comme un porte flambeau
Pour voiler l’abyssal
Néant de son cerveau.

Le peintre dans sa flamme
Voit œuvrer la censure,
Puis perd une once d’âme
Pour plaire à cette ordure.

Liberté, ma chérie,
Te voici menottée,
La France te trahit
Et viole tes idées.

vendredi 21 mai 2010

La vie est moche

Croquis de Frédéric Biotteau
J’ai les yeux dans les poches d’avoir tant pleuré
De n’être qu’un pantin dont les liens s’effilochent.
Une fois de trop un homme vil m’a leurrée,
Je veux fuir la candeur de mon cœur qui s’amoche.

Je traine ma vie comme un vulgaire fantoche
Et j’ai perdu le fil de mon âme emmêlée.
Mon destin n’est qu’un chemin semé d’anicroches,
Lassée d’y errer je me sens déboussolée.

Je repousse maintenant tous ceux qui m’approchent
Pour ne pas leur permettre de m’abandonner,
Et je pends mes rêves qui toujours se décrochent.

Sur la corde raide où s’étranglent mes années,
Je ne peux plus avancer seule et sans accroche,
Je cherche la force de me laisser aimer.

mardi 18 mai 2010

Il était une fois...

Œuvre de Frédéric Biotteau
Il était une fois un homme merveilleux
Dont le charme enchanteur faisait fondre les cœurs.
Il était, à mes yeux, un vrai cadeau des cieux,
Un rayon de soleil m’inondant de bonheur.

Il était une fois un ami éternel,
L’âme immarcescible faisant fleurir la mienne.
Un seul de ses sourires me donnait des ailes,
Je me sentais alors un peu plus aérienne.

Il était une fois un être fabuleux,
Je voyais, près de lui, tourner mon univers
Et mon ciel devenir à chaque instant plus bleu.

Il était une fois celui qui est mon frère,
Il m’aidait à grandir dans chacun de nos jeux
En tissant un lien d’or n’ayant rien d’éphémère.

mardi 11 mai 2010

Passion nocturne

Quand la nuit vient coucher
Les derniers mots d’amour,
La lune d’un baiser
Fait languir le grand jour.

Quand les cœurs assoupis
Rêvent de romantisme,
Les corps un peu soumis
Nous content l’érotisme.

Puis l’espoir vespéral
Vient reprendre ses droits
Quand le désir animal
Nous dicte enfin ses lois.

Puis le temps des soupirs
Etend alors son règne
Jusqu’à nos doux plaisirs
Qui des sommets atteignent.

Des étoiles aux yeux
S’endorment les amants
Sous le regard des cieux
Les berçant tendrement.

vendredi 7 mai 2010

Ci-gît la solitude

A courir après le temps
Tu l’as aujourd’hui perdu,
Tu as laissé ton présent
Mourir au coin d’une rue.

Tu fonçais tête baissée
Sans tenter de réfléchir,
Faisant fi de ces pensées
T’incitant à ralentir.

Mais il est certains combats
Que l’on ne peut pas gagner
Et la vie dans un coup bas
N’a pas voulu t’épargner.

Je n’ai jamais pu comprendre
Tous tes désirs de grandeur,
Essayais-tu de pourfendre
Ainsi ton obscur malheur ?

Mais l’argent ne t’a offert
Qu’une profonde amertume
Et le parfum éphémère
Des convoitises posthumes.

mardi 4 mai 2010

La créatrice

Œuvre de Frédéric Biotteau

Dans une tour enfermée,
Elle regarde le monde
En gardant les yeux fermés
Sur sa détresse profonde.

Prisonnière de ces murs
Depuis sa plus tendre enfance,
Elle attend que les murmures
Viennent rompre le silence.

Elle ne voit pas la vie
Comme un beau conte de fées,
Victime des prophéties,
Elle se sait condamnée.

Elle ne vit que des rêves
Qu’elle couche sur papier,
Ecrivant souvent sans trêve
Pour ne pas être oubliée.

Elle ignore que ses mots
Font ainsi tourner la terre
Et qu’ils peignent le tableau
Du destin de l’univers.