samedi 27 novembre 2010

Cercle vicieux

Peinture de Fédéric BIOTTEAU, cliquez ici pour visiter sa galerie
Il hurlait en silence une immense souffrance
D’un regard abîmé, reflet d’une âme usée.
Il contait sans mot dire à notre « douce France »
L’enfance malmenée, brisée et abusée.

Sur son berceau penchée, une fée sans conscience
Avait dès sa naissance osé le délaisser.
Il fut dépossédé de sa tendre insouciance,
Sa fragile existence avait mal commencé.

Ce fils de l’assistance évoluait dans l’errance,
Placé puis déplacé de foyers en foyers.
Déraciné sans cesse, il était sans défense
Privé de la chance de se sentir choyé.

Elevé sans clémence, il faisait pénitence
Sans pourtant offenser il se voyait châtié,
Subissant des accès de rage et de violence,
Il apprit la méfiance avant d’être écolier.

Tous ses bourreaux d’accueil méritaient la potence
Pourtant les instances n’avaient rien soupçonné,
Polissant l’insensé, sauvant les apparences,
Ils pensaient le broyer sans l’alarme sonner.

Ce garçon profané vivait en permanence
Dans l’angoisse et la peur sans pouvoir en parler,
Etouffé par l’horreur de sa propre impuissance,
Ce muet traumatisé ne savait qu’éperler.

Il hurlait en silence une immense souffrance
D’un regard abîmé, reflet d’une âme usée.
Il contait sans mot dire à notre « douce France »
L’enfance malmenée, brisée et abusée.

jeudi 18 novembre 2010

Sentir l'essence

Peinture de Frédéric BIOTTEAU, cliquez pour visiter sa galerie

Les passants d’une vie insensée sans tenants
N’aboutissent qu’au sein d’une impasse effacée.
Ressassant sans cesse leurs soucis lancinants,
Ils s’enfoncent ainsi enlacés au passé.

Leur jeunesse émoussée les laisse dans la nasse
Des angoisses salées salissant l’innocence,
Si loin de la surface ils se noient dans la masse
Sans savoir essaimer cette intense souffrance.

Asphyxiés de silence à n’être qu’esseulés,
Leurs cœurs si assommés ont perdu connaissance.
Sans amour à semer ils sont déboussolés
Et n’assument l’espoir que dans l’évanescence.

Ce soir, à leur insu, s’ensuit l’insaisissable :
Leurs soupirs essoufflés s’enchâssent sans qu’ils sachent
Que sonne leur salut, sous ces cieux chérissables,
Dans celui de cette âme enfin sœur sans attaches.

La foudre leur assène un sentiment soudain
Les poussant à s’unir pour panser leurs blessures,
Dans les cercles vicieux de ces deux citadins
S’insinue une issue, une douce cassure.

Leur destin capricieux se charge ainsi de sens,
Assassine l’errance en suscitant leur place.
Ensemble ils avancent vers leur seconde chance,
Suppliciant leurs sanglots sous cette action de grâce.

lundi 15 novembre 2010

Langage silencieux

Œuvre de Frédéric Biotteau, cliquez pour visiter sa galerie

Ton regard enfantin
Me livre cent paroles
Comme un miroir sans tain
De ton âme en corolle.
Dévoilant les matins
De ton cœur métabole,
Il se perd au lointain
Cherchant des paraboles.

Soudain dans un éclat,
Je l’aperçois railleur
Et j’entends les débats
De ton for intérieur.
Puis là tu parais las
De toujours être ailleurs
Sans trouver ici-bas
Notre monde meilleur.

Tu reviens incrédule
Te plonger dans mes yeux,
Interroger ma bulle
De tes mots silencieux.
Me voyant funambule
Sur tes « toi » capricieux,
Mon émoi tu modules
D’un clin d’œil mélodieux.

Enfin l’air d’un sourire
Fait danser ton visage
L’étirant jusqu’aux rires
Que bien sûr tu partages.
Ainsi je peux m’unir
A toi, mon doux mirage,
Pour alors t’endormir
Et rêver davantage.

dimanche 7 novembre 2010

Maléfique Angélique

Croquis de Frédéric Biotteau, cliquez ici pour visiter sa galerie
Sous le regard de l’aurore naquit Angélique,
Au cœur d’un somptueux palais chryséléphantin.
Cette princesse, d’une beauté mirifique,
Avait déjà l’éclat des soleils argentins.

Elle semblait sortir d’un de nos plus beaux rêves,
L’ange aux cheveux d’ébène avait tout d’une reine.
Bien plus exquise que toutes les filles d’Eve,
D’un charme enchanteur, elle reflétait l’Eden.

Ses parents la voyaient comme un cadeau des cieux
Car pendant tant d’années ils l’avaient espérée.
Ses yeux émeraude étaient pour eux plus précieux
Que tous les trésors réunis de la contrée.

La fille unique de l’empereur tout puissant
Grandissait trop choyée, traitée en enfant-roi,
Elle savait que son sourire éblouissant
Lui permettait chaque fois d’avoir tous les droits.

Le temps passait sublimant son apparence
Et gâtant toujours plus sa conscience de vices.
Nul ne soupçonna le rance sous l’élégance
Quand de vils complots remplacèrent ses caprices.

Ecœurée par la bonté de ses ascendants
Et lasse de devoir masquer son vrai visage,
Elle sentait gonfler un désir obsédant
D’enrayer le partage de son héritage.

Elle fomenta, avant l’âge de raison,
Un odieux plan pour engendrer son parricide.
Régner en despote était sa seule oraison
Mais sa soif de pouvoir la rendait peu lucide.

Quand sonna l’heure tant attendue de son crime,
Angélique commit une grossière erreur :
Elle omit la présence de cet anonyme
Missionné dans l’ombre comme son protecteur.

Il la vit se glisser dans la chambre impériale
Pour y déposer une offrande venimeuse
Et n’intervint enfin qu’à cet instant crucial
Où elle libérait sa vipère tueuse.

Prise en flagrant délit de haute félonie,
Elle fut bannie de son royaume à jamais.
Les Altesses, dans une tristesse infinie,
Chassèrent celle qui, malgré tout, ils aimaient.

Escortée au-delà des terres inconnues,
elle aurait tout donné pour faire marche arrière.
A vouloir tout avoir elle avait tout perdu
et pouvait à elle seule jeter la pierre.