D’un regard abîmé, reflet d’une âme usée.
Il contait sans mot dire à notre « douce France »
L’enfance malmenée, brisée et abusée.
Sur son berceau penchée, une fée sans conscience
Avait dès sa naissance osé le délaisser.
Il fut dépossédé de sa tendre insouciance,
Sa fragile existence avait mal commencé.
Ce fils de l’assistance évoluait dans l’errance,
Placé puis déplacé de foyers en foyers.
Déraciné sans cesse, il était sans défense
Privé de la chance de se sentir choyé.
Elevé sans clémence, il faisait pénitence
Sans pourtant offenser il se voyait châtié,
Subissant des accès de rage et de violence,
Il apprit la méfiance avant d’être écolier.
Tous ses bourreaux d’accueil méritaient la potence
Pourtant les instances n’avaient rien soupçonné,
Polissant l’insensé, sauvant les apparences,
Ils pensaient le broyer sans l’alarme sonner.
Ce garçon profané vivait en permanence
Dans l’angoisse et la peur sans pouvoir en parler,
Etouffé par l’horreur de sa propre impuissance,
Ce muet traumatisé ne savait qu’éperler.
Il hurlait en silence une immense souffrance
D’un regard abîmé, reflet d’une âme usée.
Il contait sans mot dire à notre « douce France »
L’enfance malmenée, brisée et abusée.