vendredi 30 avril 2010

Les âmes boréales


Aux confins de nulle part
Gisent les âmes perdues,
Egarées dès leur départ
Elles ont ici échu.

Ayant l’air un peu hagard
Elles cherchent la lumière,
Espérant que le hasard
Eclairera leurs paupières.

Enterrées au cimetière
Dit des hommes oubliés,
Elles n’ont pas vu Saint Pierre
Au terme du sablier.

Prisonnières d’une terre
Qu’elles jugent sans pitié,
Elles errent bien amères
D’être ainsi excommuniées.

La nature a des mystères
Que l’on ne peut soupçonner
Et teinte parfois de vert
Leurs ectoplasmes fanés.

Quand l’aurore est idéale
Et le ciel vient les bercer,
Elles dansent boréales
Sous nos yeux émerveillés.

mardi 27 avril 2010

Le maitre des ciseaux

Œuvre de Frédéric Biotteau
Quand à l’homme poivre et sel j’ai confié mes failles,
Je croyais mon visage bel et bien perdu,
Je n’étais qu’un cocon caché dans la broussaille,
La chrysalide un peu terne attendant sa mue.

Il m’a alors promis de me donner des ailes
Et de me métamorphoser en papillon.
Expert dans son domaine, artiste exceptionnel,
Sous ses doigts de fée je devenais Cendrillon.

Son talent faisant de moi un doux éphémère,
J’ai pu voir peu à peu renaitre mon reflet.
Sentant s’envoler mon cœur de lépidoptère,
Il m’a offert les couleurs de son chevalet.

Je l’ai quitté légère vers des cieux nouveaux
Dans un bonheur si grand qu’il était indicible,
Je devais mon destin au maitre des ciseaux
Qui avait fait fleurir mon âme immarcescible.

vendredi 23 avril 2010

La mer m'a pris

Œuvre de Frédéric Biotteau
La mer veille infatigable sur notre nuit
Et douce nous berce dans ses flots bienveillants.
Elle nous a sauvés d’un tourbillon d’ennui
Nous faisant matelots d’un navire vaillant.

Elle vient d’adopter nos cœurs à la dérive,
Elle est cette mère qui nous calme en chantant,
Elle est celle qui nous guide vers d’autres rives
Pour y faire renaître nos âmes d’enfant.

Mes jours s’écoulent maintenant au fil des vagues,
Mes pensées se laissent aller au gré des eaux,
Et même si mon avenir reste dans le vague,
Je suivrai ses courants jusque dans mon tombeau.

Je sais qu’elle prendra ma vie en héritage
Quand mon esprit bohème aura touché le fond.
Elle me fera légende au creux d’un naufrage
Et sur chaque océan on connaîtra mon nom.

mardi 20 avril 2010

Chevaucher le vent

Œuvre de Frédéric Biotteau
J’ai chevauché le vent
Pour vivre au jour le jour,
J’ai fait la cour au temps
Pour voir naitre l’Amour.

Je n’étais qu’un sourire
Que l’on sème à foison,
Un soupir de plaisir
A offrir sans raison.

Je n’étais qu’une fleur
Qu’on promet à la lune,
Juste un petit bonheur
Dans sa bonne fortune.

Je n’étais qu’un visage
Noyé parmi tant d’autres
Et l’histoire sans âge
Est devenue la notre.

J’ai chevauché le temps
Pour voir grandir l’Amour,
Qui semé à tous vents,
Enfin a vu le jour.

Je sais que notre flamme
Ne s’éteindra jamais,
Je t’ai donné mon âme
Et mon jardin secret.

Je suis la femme heureuse
Dont le cœur a des ailes,
J’incarne l’amoureuse
Dans un rôle éternel.

J’ai chevauché l’Amour
Pour que jamais le temps
Ne puisse au petit jour
L’abandonner au vent.

mardi 13 avril 2010

L'amour aux quatre saisons

Œuvre de Frédéric Biotteau
J’ai vu dans tes pensées le retour du printemps,
Dans tes yeux azurs la promesse des beaux jours.
J’ai su que tes baisers iraient chasser le vent
Pour offrir au soleil notre histoire d’amour.

J’ai lu que la rosée viendrait sécher mes larmes,
Que mon âme irisée pourrait alors éclore.
Aujourd’hui dans tes bras je peux baisser les armes,
Je suis devenue femme dans nos corps à corps.

En moi naitra l’été sous tes chaudes caresses,
Il aura le sourire d’un ciel sans nuage.
Il sera ce fruit que l’on couvre de tendresse
Pour que les couleurs viennent mûrir son visage.

Quand la mélancolie d’automne voudra me bercer,
Que le règne du gris me fera de la peine,
Vos regards m’apaiseront venant déverser
Des vagues de ce bonheur qui me rend sereine.

Et l’hiver passera emportant ses flocons
Car nous le brûlerons dans nos cœurs enflammés.
Nous serons tous les trois, blottis dans un cocon,
Regardant les saisons embellir nos années.

vendredi 9 avril 2010

Demain j'arrête...

J’ai senti le poison s’insinuer dans mes veines,
Pour oublier un instant mon insignifiance,
En priant que la mort emporte ma déveine,
Je me suis injectée un refus de conscience.

Je ne suis que peine et souffrance réunies,
Dans la voie des larmes je me suis engagée.
Me droguant pour apaiser mon cœur démuni,
Rien de meilleur pour moi n’est plus à présager.

J’ai commis l’erreur de voiler la vérité,
De vouloir occulter la source de mes heurts,
J’ai alors renié ma triste réalité
Sombrant plus encore dans un profond malheur.

Aujourd’hui elle me hante, toujours m’empoisonne,
Je deviens l’errante qui se perd et se cherche.
Elle est là, me dégoute, plus là j’en frissonne,
Rendez-moi mon aiguille que mes pensées je perche.

Je me suicide chaque jour à petits feux,
Je laisse un peu de m vie quand je prends une dose.
J’ai bien compris les dangers et tous les enjeux,
Je fonce tête baissée vers mon overdose.

mardi 6 avril 2010

Ulysse

Œuvre de Frédéric Biotteau
Toi le passeur de rêves qu’on a oublié
Traçant sur le pavé des visages de craie,
Tu recrées l’éphémère sans jamais plier,
D’un courage sans gloire, l’artiste discret.

Tu es recouvert de ces poussières de couleurs
Qui s’attachent aux pas du profane insensible.
Sans regard et sans respect pour ton beau labeur,
Il use ton œuvre sans remord perceptible.

Je suis l’émerveillée qui regarde en silence
Tes traits s’enlacer pour esquisser l’harmonie,
Ton talent s’exprimer pour bafouer l’ignorance
De ceux qui ne voient pas de ton art la magie.

Ulysse de ma cité, l’homme de liberté,
Tu embellis ma ville, toi Van Gogh des rues.
Nous pourrons faire de Nantes un grand musée
Quand du sol tes tableaux ne s’effaceront plus.

vendredi 2 avril 2010

Maïwa

Œuvre de Frédéric Biotteau
Dans les eaux de Vénus, Maïwa se baignait.
Sortie du lit d’humus où elle avait dormi,
Dans un lagon bleuté elle se lavait,
Elle pensait radieuse à sa nouvelle vie.

Purifiant son corps de son passé douloureux,
Elle effaçait les torts que son père avait faits.
Pour changer la donne d’un destin malheureux,
Elle a fui les siens sans une once de regret.

Issue d’un peuple où la femme a peu de valeur,
Elle n’était qu’un jouet que l’on maltraitait.
Lassée d’être l’esclave usée par son labeur,
Elle a tourné la page qui la malmenait.

Et goûtant aux plaisirs qu’offre la liberté,
Elle savait que le pire avait quitté ses jours,
Que les sombres tourments laisseraient ses pensées
Et que sa bonne étoile la suivrait pour toujours.

Elle partait étancher sa soif d’aventures,
Découvrir ce monde dont elle ignorait tout,
Après ce doux repos dans un coin de nature
Elle rêvait sereine à des lendemains fous.

Maïwa n’avait plus ni horizons, ni limites,
Elle pouvait enfin écrire la musique.
Elle s’était choisie ce nom pour en faire un mythe
Et deviendrait demain Maïwa La Magnifique…