mardi 22 juin 2010

L'oiseau en cage

Croquis de Frédéric Biotteau
Toujours égarée dans ces foules sans visage,
Je perds le contrôle de mon corps de coton.
Le cœur au bord des lèvres en plein surmenage,
Je n’ai que l’envie de retrouver mon cocon.

J’étouffe, je repousse ceux qui m’indisposent,
Je m’essouffle bien plus avec ceux m’ignorant.
Proche de l’asphyxie j’effleure la névrose,
Moi la poupée de chiffon qui rentre en pleurant.

D’où me vient cette phobie qui là m’emprisonne ?
J’ai peur dans la ville d’être une âme anonyme,
Je ne suis personne et toujours je m’empoisonne,
J’en deviens le pantin de mes démons intimes.

Agoraphobie, juste un mot sur mon naufrage,
Qui dans tous les sens vient couler mon horizon.
Mes terreurs maladives m’ont prise en otage
Et je dois chaque jour en payer la rançon.

vendredi 18 juin 2010

Moana (Au fil de l'eau)

Tableau de Misstigri, cliquez pour découvrir son blogBaignée par le flot d’une profonde tendresse,
Elle a vu le jour dans une vague d’amour.
Elle a grandi au creux d’une mer d’allégresse,
Comme un poisson dans l’eau sa vie suivant son cours.

Nageant dans le bonheur durant toute l’enfance,
Elle ne vit pas l’orage entrer au village,
Ne crut pas à la rage ancrant la décadence
Et ne comprit pas la source de son naufrage.

Un pirate au cœur sombre assoiffé de sang
Ecumait les rivages pour faire fortune,
N’y semant que la mort, les larmes par torrents,
Il a laissé la fille aux bons soins de la lune.

Submergée de douleur, elle a fui le carnage
Pour ne pas se noyer dans un pur désespoir.
L’âme à la dérive elle cherchait le visage
De celui qui avait sabordé son histoire.

Mais la petite trop frêle, ainsi sans amarres,
S’épuisait déjà trop pour tenter de survivre.
Elle n’était pas de taille face au barbare
Mais, contre vents et marées, elle allait le suivre.

Ramant sur sa galère, les mois s’écoulèrent.
Elle sentait ses maigres forces refluer
Jusqu’à ce soir d’hiver où elles s’écroulèrent.
Au bord de l’abîme elle était exténuée.

Flottant dans l’inconscience des heures durant,
Elle s’éveilla fiévreuse et trempée de sueur.
Un vieil homme épongeait son front soigneusement,
Il devint aussitôt son phare, sa lueur.

Elle lui conta la lame dévastatrice
Qui, en déferlant, son enfance avait coulée,
Lui décrivit l’horreur qui peuplait ses abysses
Depuis que dans un gouffre elle était immergée.

Comme emporté par la houle de son récit,
Il sentait peu à peu la nausée le gagner,
Ecœuré par cet assassin qui sans merci
Inondait de cauchemars la pauvre épargnée.

Lisant la compassion dans ses yeux outremer,
Elle fut alors remplie de reconnaissance
Pour celui qui avait su adoucir l’amer,
Lui offrant ainsi l’espoir d’une résurgence.

Il n'était pas de ceux qui croyaient au hasard,
Ni même de ceux voguant au gré des courants.
Au creux des tempêtes il tenait bon la barre,
Il lui donna donc un horizon différent.

Plongée dans le calme d’un nouveau pied à terre,
Elle apprit à combattre ses pires démons,
Et remercia le ciel de l’aide salutaire
D’un héros inconnu qui l’éloignait du fond.

Son cœur cessait de tanguer au bord de ses lèvres,
Elle voyait l’éclaircie chasser ses embruns,
Et elle s’armait d’une patience d’orfèvre
Pour enfin pouvoir reprendre sa vie en mains.

Dix années passèrent sans pouvoir la lasser
De boire les paroles du Loup poivre et sel.
Il lui enseigna à savoir se dépasser
Pour gagner la surface et déployer ses ailes.

Elle était devenue une femme plus belle
Que toutes les sirènes peuplant l’océan.
La perle à l’éclat du souvenir maternel
Sentait, face à son reflet, un vide béant.

Elle savait que rien ne pouvait détourner
Sa conscience du cap qu’elle s’était fixée.
Elle décida donc un beau matin d’été
De lever les voiles vers sa quête risquée.

Elle partit trois jours sur la rive voisine
Et se laissa porter par le flux des rumeurs.
Quand au cours du chant marin d’une douce ondine,
Elle entendit le nom de l’impur malfaiteur.

Elle retrouva sa trace au fil des massacres
Et des villages tombeaux figés en épaves.
Sa colère se faisait de plus en plus âcre
Et versait dans son âme la rage des braves.

Pistant son bourreau pour assécher son fléau,
Elle s’imprégnait du fluide de son maître.
Elle espérait pouvoir garder ses idéaux
Tout en annihilant le tourbillon du traître.

Elle le surprit lorsqu’il cachait son butin
Sur la plage blanche d’un hameau ravagé.
Elle comptait lui faire avaler son venin
Mais avant d’agir elle devait l’observer.

Elle décela ainsi ses atouts, ses failles,
Purifia ses pensées de leurs visions morbides.
Elle fomenta alors son plan de bataille,
Tout dans son esprit était devenu limpide.

Elle se lava dans l’onde d’un clair ruisseau
Pour qu’aux yeux de l’immonde elle soit désirable.
Elle usa d’un don qui rendait les mâles sots,
Armée de son charme, une ruse redoutable.

Son sourire enjôleur débordait de chaleur
Quand en roulant des hanches elle alla vers lui.
Lorsqu’elle le héla sur un ton aguicheur,
Il préparait un feu pour réchauffer sa nuit.

Il loua tous les dieux de sa soudaine aubaine
Quand il mordit à l’hameçon dans un doux leurre.
L’air était trop humide, il en frôlait l’obscène,
L’homme, ainsi envoûté, fit sa plus grande erreur.

Enfin piégé dans les mailles de son filet,
Sur cette berge il perdit le droit d’être libre.
Elle le força à la suivre sans délai
A jamais délivrée de ses déséquilibres.

Elle l’avait d’abord attiré dans ses bras
Pour l’assommer ensuite d’un coup de galet.
Puis elle l’avait ficelé de haut en bas
Avant de l’arroser d’une pluie de soufflets.

Il s’était éveillé privé de son orgueil.
Elle avait craché un long discours agité.
Dans tous ses maux lâchés, elle avait fait son deuil,
Partant le livrer aux soldats de la cité.

Le chemin s’écoula sans remous ni marnage,
En longeant le fleuve elle arriva à bon port.
Elle abandonna son prisonnier sans ambages
Aux mains d’une justice condamnant ses torts.

On dragua les eaux troubles de ce vil requin,
Il fut traîné dans la boue pendant son procès.
La mort fut jugée trop douce pour ce faquin,
Il fut désigné forçat jusqu’à son décès.

Elle sentit l’afflux d’une énergie nouvelle
Circulant comme une fontaine de jouvence.
Elle avait réussi à vaincre Machiavel
Sans même devoir assombrir sa transparence.

mardi 15 juin 2010

Article dans l'écho des 2 rives


Quel bonheur de lire cet article paru dans le bulletin municipal de la commune où j'ai grandi !
Je suis très touchée !!
Sourire

Mon autre

Oeuvre de Frédéric Biotteau
Je suis poète et tu es fou…
Un peu prophète dans mes vers
J’imagine un monde un peu flou
Quand tu gardes la tête en l’air.

Je m’expose à ta dérision
Quand j’explore ta déraison,
Au rythme de nos divisions
Je perds peu à peu la raison.

Je frôle toujours l’inconscience
Lorsque j’effleure tes humeurs,
Je m’égare dans tes déviances
Sur ton flot d’humour qui m’écœure.

Je suis prisonnier sur ma barge
Et j’ai échoué dans tes dérives,
Tu m’as poussé loin vers le large
Pour me voir effacé des rives.

Citoyen de Schizophrénie,
J’y sommeille dorénavant,
Je suis la plume des écrits,
Tu es l’auteur de mes romans.

vendredi 11 juin 2010

Maeldana (tout feu tout flamme)

Création de Frédéric BIOTTEAU
Dépourvue d’un foyer où réchauffer son âme,
Elle n’a jamais connu la chaleur humaine.
Son cœur s’est éteint à l’âge où l’on devient femme,
Renonçant à l’amour elle a choisi la haine.

Elle brûlait d’un ardent désir de vengeance
Contre ce monde coupable de sa déveine.
Elle sombrait peu à peu dans la décadence
Consumée par des rancœurs toujours plus malsaines.

Ainsi pour voir souffrir les hommes alentours,
Elle allumait leurs corps de son regard de braise,
Les laissait s’enflammer pour elle nuit et jour,
Puis les abandonnait au creux de leur fournaise.

Regarder leur fierté alors réduite en cendres
Lui procurait un plaisir presque inextinguible.
Elle espérait ainsi conjurer sa malandre
Et alléger le poids de sa vie si pénible.

Mais à jouer avec le feu on la crut sorcière,
Elle fut jugée puis condamnée au bûcher.
En proie aux flammes sous une clameur incendiaire,
Elle a rejoint Lucifer pour l’éternité.

mardi 8 juin 2010

Adieu Lolie

Salut moi c’est Lolie,
Je grandis dans vos yeux,
J’oublie ce que je suis
Pour vous plaire Messieurs.

Je vis de vos lubies,
J’existe dans vos bras,
Je ne suis qu’un hobby
Qui se perd dans vos draps.

Je veux de la tendresse,
Des baisers à la pelle,
Et que nos nuits d’ivresse
Finissent à l’autel.

Vos promesses stériles
Dans ces chambres d’hôtel
Me laissent d’indélébiles
Meurtrissures charnelles.

Bonsoir moi c’est Lolie,
Juste mademoiselle,
Et n’être que jolie
Brûle ici-bas mes ailes.

Vous ne voyez de moi
Que mon sourire d’ange
Et pour un peu d’émoi
Me poussez dans la fange.

Je pleure tout le jour
D’être un jouet futile,
Je vais mourir d’amour,
D’une quête inutile.

Dites « Adieu Lolie »
Je m’offre enfin à Dieu,
Cette fois c’est fini,
Je pars vers d’autres cieux.

vendredi 4 juin 2010

Quatre fils dans le vent

Les fils du vent esquissent
Des horizons divers,
Dans les saisons se glissent
Comme des courants d’air.

Le premier né au nord
Souffle un parfum d’hiver,
Il gifle autant qu’il mord,
Trop blizzard pour me plaire !

Le second vient du sud,
Il sent bon la chaleur,
Tous les corps il dénude,
Quel Dom Juan cavaleur !

A l’ouest est le troisième,
Toujours dans les nuages,
Il pousse au carpe diem
Et vers d’autres rivages.

En valet du soleil,
A l'est vit le cadet,
chaque jour il réveille
le bel astre en secret.

Les fils du vent nous tissent
Un nouvel univers,
Dans les cieux ils s’unissent
Et font tourner la terre.

mardi 1 juin 2010

Promesses d'amour

Œuvre de Frédéric Biotteau
Si le désespoir vient à te faire la cour,
S'il courtise tes nuits afin de t'enlacer,
Je deviendrai espoir pour éclairer tes jours,
J'allumerai le soir pour son ombre effacer.

S'il vient te souffler les maux dits de la tristesse,
Si le maudit chagrin te plombe alors les ailes,
Je prendrai ta douleur pour qu'elle te délaisse,
Je pendrai un doux leurre pour chasser son appel.

De l'éclat de tes rires je suis sentinelle
Pourchassant le malheur pour chercher à l'éteindre.
Je suis la gardienne de ta belle étincelle,
Armée d'un sourire, je viens ici t'étreindre.

Là nos mots s’envolent en de tendres caresses,
Ils bâtissent ces rêves que nos corps esquissent
Et nos cœurs s’emmêlent pour croire en l’allégresse,
Je prie pour que ce bonheur jamais ne finisse.

vendredi 28 mai 2010

Double vie

Ces molécules d’espoir ne t’ont pas sauvée,
Leur lueur s’est faite rare avant de s’éteindre.
Elles n’ont pu qu’un instant nous laisser rêver
Qu’il nous restait l’éternité pour nous étreindre.

Mais le chancre a vaincu notre tendre bonheur,
Il est venu sans bruit t’arracher à la vie.
Je t’ai tant vue subir ces atroces douleurs
Que j’ai été soulagé quand tu es partie.

Le mal s’est abattu me poussant à la nuit,
Sans toi, mon étoile, je me noie dans l’oubli.
Le temps s’est arrêté, plus jamais il ne fuit
Et moi je me perds dans une sombre folie.

Je m’accroche au souvenir de ton doux visage
Pour sortir de mon ombre et voiler ma détresse.
Seul sur mon bateau, j’évite ainsi le naufrage
Mais j’erre à la dérive, aveuglé de tristesse.

Je jette ici l’encre pour libérer mon cœur
Usé de se battre dans mes marées noires.
Je viens là déverser le flot de ma rancœur
Pour ne pas échouer sur l’ile du désespoir.

Je ne suis qu’un fantôme, avec toi je suis mort,
Je ne vis qu’en sommeil quand tu peuples mes songes.
J’attends tout le jour l’instant où je m’endors,
L’impatience me malmène et toujours me ronge.

Mes yeux n’ont que ces larmes peignant le tableau
De ce qu’hier m’a volé et ne rendra jamais.
Chaque matin me ramène à tous mes sanglots,
Le soleil me voit me réveiller à regrets.

mardi 25 mai 2010

Vice de Liberté

Œuvre de Frédéric Biotteau

Sur les toiles du rêve
S’étiolent ses mensonges,
Et je m’offre une trêve
A l’abri de mes songes.

Là où les mots s’envolent
Pour devenir couleurs,
Le profane frivole
Ne voit pas qu’il se leurre.

Brûlant des tableaux rares
Qu’il juge tendancieux,
Il profite l’ignare
De son pouvoir odieux.

Il brandit la morale
Comme un porte flambeau
Pour voiler l’abyssal
Néant de son cerveau.

Le peintre dans sa flamme
Voit œuvrer la censure,
Puis perd une once d’âme
Pour plaire à cette ordure.

Liberté, ma chérie,
Te voici menottée,
La France te trahit
Et viole tes idées.

vendredi 21 mai 2010

La vie est moche

Croquis de Frédéric Biotteau
J’ai les yeux dans les poches d’avoir tant pleuré
De n’être qu’un pantin dont les liens s’effilochent.
Une fois de trop un homme vil m’a leurrée,
Je veux fuir la candeur de mon cœur qui s’amoche.

Je traine ma vie comme un vulgaire fantoche
Et j’ai perdu le fil de mon âme emmêlée.
Mon destin n’est qu’un chemin semé d’anicroches,
Lassée d’y errer je me sens déboussolée.

Je repousse maintenant tous ceux qui m’approchent
Pour ne pas leur permettre de m’abandonner,
Et je pends mes rêves qui toujours se décrochent.

Sur la corde raide où s’étranglent mes années,
Je ne peux plus avancer seule et sans accroche,
Je cherche la force de me laisser aimer.

mardi 18 mai 2010

Il était une fois...

Œuvre de Frédéric Biotteau
Il était une fois un homme merveilleux
Dont le charme enchanteur faisait fondre les cœurs.
Il était, à mes yeux, un vrai cadeau des cieux,
Un rayon de soleil m’inondant de bonheur.

Il était une fois un ami éternel,
L’âme immarcescible faisant fleurir la mienne.
Un seul de ses sourires me donnait des ailes,
Je me sentais alors un peu plus aérienne.

Il était une fois un être fabuleux,
Je voyais, près de lui, tourner mon univers
Et mon ciel devenir à chaque instant plus bleu.

Il était une fois celui qui est mon frère,
Il m’aidait à grandir dans chacun de nos jeux
En tissant un lien d’or n’ayant rien d’éphémère.

mardi 11 mai 2010

Passion nocturne

Quand la nuit vient coucher
Les derniers mots d’amour,
La lune d’un baiser
Fait languir le grand jour.

Quand les cœurs assoupis
Rêvent de romantisme,
Les corps un peu soumis
Nous content l’érotisme.

Puis l’espoir vespéral
Vient reprendre ses droits
Quand le désir animal
Nous dicte enfin ses lois.

Puis le temps des soupirs
Etend alors son règne
Jusqu’à nos doux plaisirs
Qui des sommets atteignent.

Des étoiles aux yeux
S’endorment les amants
Sous le regard des cieux
Les berçant tendrement.

vendredi 7 mai 2010

Ci-gît la solitude

A courir après le temps
Tu l’as aujourd’hui perdu,
Tu as laissé ton présent
Mourir au coin d’une rue.

Tu fonçais tête baissée
Sans tenter de réfléchir,
Faisant fi de ces pensées
T’incitant à ralentir.

Mais il est certains combats
Que l’on ne peut pas gagner
Et la vie dans un coup bas
N’a pas voulu t’épargner.

Je n’ai jamais pu comprendre
Tous tes désirs de grandeur,
Essayais-tu de pourfendre
Ainsi ton obscur malheur ?

Mais l’argent ne t’a offert
Qu’une profonde amertume
Et le parfum éphémère
Des convoitises posthumes.

mardi 4 mai 2010

La créatrice

Œuvre de Frédéric Biotteau

Dans une tour enfermée,
Elle regarde le monde
En gardant les yeux fermés
Sur sa détresse profonde.

Prisonnière de ces murs
Depuis sa plus tendre enfance,
Elle attend que les murmures
Viennent rompre le silence.

Elle ne voit pas la vie
Comme un beau conte de fées,
Victime des prophéties,
Elle se sait condamnée.

Elle ne vit que des rêves
Qu’elle couche sur papier,
Ecrivant souvent sans trêve
Pour ne pas être oubliée.

Elle ignore que ses mots
Font ainsi tourner la terre
Et qu’ils peignent le tableau
Du destin de l’univers.